mardi 29 août 2017

La rentrée sans échappatoires

À Houston (photo © AFP), à Marseille (photo © AFP), à l'Élysée (photo © AFP), à Pyongyang (photo © AFP).

Impossible en cette rentrée 2017 de différer les choix, de ne pas faire face à la situation que produit l’accumulation des questions ouvertes, porteuses de crises graves. La différence avec les rentrées des années précédentes réside dans l’ouverture salutaire de l’éventail des possibles, tout simplement parce que le retour à une situation économique « normale » à peu près partout permet de s’engager au-delà de l’horizon immédiat, celui de la réparation hasardeuse, pour lui préférer des solutions plus justes et durables. Dans ce contexte, une gauche de transformation sociale responsable ne saurait se cantonner à un rôle de dénonciation de ce qui ne va pas. Elle doit au contraire se tourner vers le chantier des solutions. Le « dégagisme » de Mélenchon, marqué du sceau d’un populisme dangereux, n’y conduit pas. Il nous en éloigne. Prétendre au pouvoir, s’y préparer, dans une démarche solitaire autour du Caudillo ne peut conduire qu’aux désillusions et à une grave impasse à gauche. Or, sans une gauche puissante et unitaire, chaleureuse et innovante, porteuse d’espoir, l’humanité serait bien mal « barrée ». Au vu des défaites, des renoncements, des reniements de certains, la route sera probablement longue et semée d’embûches pour la reconstruction qui s’impose mais rien, absolument rien, n’interdit de s’y engager. Gage d’avenir.

Quand le « calvaire » que subissent le Texas et la Louisiane confirme la dangerosité des phénomènes résultant du réchauffement climatique. Houston, la quatrième ville américaine, est noyée sous les eaux. Si le bilan humain est pour l’instant moins lourd que celui de Katrina en 2005 en Louisiane – 1 800 morts –, les dégâts sont réellement gigantesques. Même le climatosceptique qui s’est emparé de la présidence américaine doit en convenir, sans être capable d’en tirer la moindre conclusion logique par ailleurs. Ce sont des dizaines de milliards, voire davantage, qui devront être mobilisées en faveur des sinistrés et des territoires touchés. La répercussion de la catastrophe sur le prix du pétrole est possible si ce n’est probable. Alors, oui, les demi-mesures, les atermoiements ne sont plus de saison si l’on veut limiter à moins de deux degrés le réchauffement climatique pour préserver les conditions de vie des générations futures. Il faut agir et le faire rapidement, pour décliner partout et sans délai l’accord de Paris et pour en amplifier les effets bénéfiques. L’Europe le fait mais en tardant à mettre en place les mécanismes de solidarité susceptibles de permettre à chacune de ses régions orientales de suivre le mouvement. Et quand la Maire de Paris s’insurge des pressions et autres « menaces » des puissants lobbies du diesel et de l’automobile pour préserver leur commerce lucratif et polluant, il faut les sanctionner, lourdement.

Quand l’Europe et l’Afrique se retrouvent autour de la table à l’Élysée pour tenter de conjurer la crise migratoire. L’ouverture de « centres d’orientation » des migrants réfugiés au Niger et au Tchad, à défaut de pouvoir le faire en Libye, en proie au chaos, peut s’entendre. L’argent ne manque pas comme l’a rappelé la ministre des Affaires étrangères de l’Union qui a dégagé pas moins de 20 milliards pour résorber la crise migratoire. Une manne utile mais qui n’en fait pas pour autant une politique du développement comme le souhaitent, à juste titre, les gouvernements africains partenaires. Sur le plan sécuritaire, afin de combattre les groupes terroristes islamistes, la force du G5 Sahel n’est pas encore opérationnelle. Comment penser le développement sous la menace de la guerre ? Les programmes économiques, sanitaires, scolaires, culturels… ne manquent pas, mais ils sont le plus souvent cantonnés au chapitre des annonces sans lendemain. Cela fait des décennies que l’on renonce à vraiment changer les choses de la part des bailleurs de fonds comme des autorités locales. Ne pas le faire désormais conduirait à une plus grande catastrophe que celle que nous connaissons en Méditerranée. Oui, il faut un vrai plan de co-développement avec des objectifs chiffrés en ce qui concerne la santé, l’éducation, les infrastructures, l’emploi, etc. L’Europe en a les moyens et elle y a tout intérêt pour aujourd’hui comme pour demain.

Quand le dictateur de Pyongyang met en cause la sécurité de tous dans la zone Asie-Pacifique. Le missile qui a survolé le Japon ce matin et qui se serait abîmé à 2 700 km de son pas de tir dans le Pacifique constitue une nouvelle et grave provocation. Ce n’est pas la première du genre. En 1998 et 2009 déjà, des lanceurs présentés comme des vecteurs de satellite en avaient fait de même. Cette fois, c’est une manifestation militaire qui est suggérée après la crise de l’été et la menace de s’en prendre à l’île de Guam. Le Conseil de sécurité de l’Onu est donc convoqué pour étudier les termes de la riposte. De nouvelles sanctions sont souhaitables au-delà de celles qui ont été adoptées récemment et unanimement consistant à priver la Corée du Nord d’environ un tiers des ressources tirées des échanges commerciaux avant tout avec la Chine. Il faut aller plus loin et ne même pas exclure un blocus en misant sur l’incapacité du régime à « tenir » dans ces conditions la population en dépit de sa militarisation démente avec un service militaire masculin de 10 ans et à peine moins pour son correspondant féminin, avec de maigres ressources, accaparées par le secteur de l’armement au détriment de la simple subsistance dans l’agriculture en particulier. Ce n’est que contraint et sans autre issue que Kim Jong-un reculera. Il ne faut pas lui laisser le choix.

Quand la Grande-Bretagne du « Brexit » commence à bégayer. Le choix de rompre les amarres se paie déjà au prix fort bien avant la sortie du port courant 2019 si elle devait se faire. 122 000 Européens non britanniques ont quitté les rivages de la Tamise dans l’année écoulée. Une perte considérable. Les négociations avec Bruxelles n’avancent pas. Les positions du gouvernement May évoluent vers une zone grise peu « claire » de départ prolongé par une nouvelle phase de transition. Le Parti travailliste défend le maintien dans l’union douanière et le marché unique pour une période indéterminée sans retour pour l’instant sur le choix « stupide ». Londres est en outre condamnée à une amende de 2 milliards par l’Office européen de lutte contre les fraudes (Olaf) pour sous-évaluation volontaire de ses échanges avec la Chine de 2013 à 2016. Vieille pratique éclairante et condamnable. Cela devrait servir de leçon à ceux qui sous d’autres latitudes prônent la sécession ou la déconnexion notamment en Catalogne où le projet funeste d’une séparation d’avec Madrid sera soumis à référendum le 1er octobre prochain. Même à l’occasion de la belle manifestation de Barcelone en riposte aux crimes islamistes – un demi-million de participants – d’aucuns ont cherché à détourner le slogan rassembleur « Nous n’avons pas peur » pour le charger d’une dimension séparatiste contre le pouvoir espagnol. Mauvaise manière et incompréhension devant l’enjeu.

Quand les préoccupations en matière d’organisation du travail et de budget sont dans toutes les têtes. Le recours aux ordonnances en France est tout sauf démocratique comme on peut le vérifier pour ceux qui en doutaient. Personne hormis le Président et son premier cercle n’est en mesure d’apprécier le contenu précis de ces textes qui vont régir une partie appréciable des relations sociales sur les lieux de travail. Chacun reste donc l’arme au pied, redoutant le pire pour les uns, s’accommodant de quelques avancées escomptées pour d’autres. Un jeu classique et pervers de division du mouvement social qui n’a rien de « moderne » ni surtout de « démocratique » de la part d’un pouvoir qui peut espérer l’emporter sur le moment pour perdre à coup sûr à plus long terme. Une « modernisation » équitable du Code du travail méritait infiniment mieux que ce jeu de dupes qui n’aidera nullement au développement de l’emploi comme le prétendent les soutiens de Macron. Sur le budget, c’est du pareil au même, avec une « astuce » de com’. Pour éviter un débat d’ensemble sur les grands équilibres, le gouvernement Philippe entend débiter le projet de loi de finances en tranches tout au long du mois de septembre. Il survendra les éléments susceptibles de satisfaire le plus grand nombre et s’efforcera de passer très vite sur les mesures amères. La marque d’une équipe déjà affaiblie par l’exercice du pouvoir sans grande considération pour l’exigence « démocratique ». 



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