vendredi 3 novembre 2017

Parti pris du 3 novembre 2017

Dupont-Moretti et les avocats de Mehra (photo © AFP), la maire de Barcelone Ada Coalau (photo © R. Patino), manifestation à Paris en 2011 pour l'égalité salariale entre hommes et femmes (photo © AFP).

Un procès qui ne clôt pas une page d’histoire. La condamnation d’Abdelkader Mehra à vingt ans de prison assortie d’une peine incompressible des deux tiers ne satisfait pas les familles des victimes du frère instructeur du tueur. On ne peut que les comprendre et manifester à leur égard une grande compassion cinq ans après ces journées terribles. Leurs avocats s’en satisfont parce qu’une défense de rupture, celle de l’accusé et de ses conseils, n’a pas abouti – et c’est heureux – à une « catastrophe ». Le droit n’est jamais pure abstraction manipulable à l’envi car il est connecté au réel, au contexte, tous le savent. Mehra est condamné, la justice est donc passée à leurs yeux. Pas comme elle aurait pu le faire sans doute. À ce titre, l’appel du Parquet général est logique et conforme aux réquisitions de l’avocate générale. Mais l’enjeu dépasse de loin les acteurs de ce procès. Il n’est pas le « Nuremberg » qui devrait aux yeux de l’humanité clore la page de ces drames à répétition qui ont ensanglanté et traumatisé tant de pays à l’initiative des Islamistes. Un tel moment de consensus et de réconciliation des hommes entre eux doit voir le jour avec un certain nombre des chefs présumés de l’EI dans le box, un jury international et un retentissement sans précédent. C’est de lui dont dépend la victoire finale sur l’idéologie assassine, l’interdit de fait partagé de se revendiquer d’une manière ou d’une autre de celle-ci. Et cela implique une forme d’épuration à l’échelle diplomatique rendant ceux qui ont financé les monstres, les ont aidés, indignes de siéger dans quelque instance que ce soit ni dans leur pays ni à plus forte raison à l’échelle internationale. Nous n’en sommes pas encore à ce juste retour sur plusieurs décennies de crimes, parfois de masse, commis au nom de la religion, en l’occurrence une vision rigoriste et conquérante du Djihad islamique. La bataille idéologique fondée sur la défense et l’extension des acquis de l’humanité en termes de libertés publiques et de laïcité est plus que jamais d’actualité.

« Une erreur gravissime qui nous éloigne de la solution. » C’est en ces termes forts que la Maire de Barcelone, Ada Colau, a condamné les agissements du gouvernement Rajoy et de la justice espagnole précisant que cela ne pouvait s’expliquer que « par l’esprit de vengeance et la volonté d’humilier ». Jeter en prison les membres de l’exécutif catalan déchu par un simple trait de plume, lancer un mandat international contre le Président de celui-ci, menacer d’en faire de même avec les Parlementaires est absolument « scandaleux » et sans précédent comparable. Rajoy est un extrémiste dangereux pour toute l’Europe. Il le fut dans ses fonctions de père l’austérité plus brutal encore que ne le souhaitait Schäuble. Il le fut comme corrompu en chef du parti populaire. Il l’est comme Premier ministre de la répression contre l’indépendantisme catalan. Ce dernier s’est embourbé dans une logique aventureuse et a été battu par la rue. Il n’était aucunement souhaitable d’ajouter du ressentiment au ressentiment face à l’humiliation subie. La remise en liberté immédiate des emprisonnés de Madrid est indispensable si l’on ne veut pas que les élections du 21 décembre soient « délégitimées » par les coups répressifs portés à la mouvance indépendantiste et jusqu’alors pacifique. Le retrait de ce mandat d’arrêt inopportun qui tend à exporter la crise aux autres États européens s’impose tout autant. De quoi souligner l’imprudence aveugle de Bruxelles et des principales capitales européennes, dont Paris et Berlin, qui se révèle désormais au grand jour. Tous connaissaient Rajoy, tous savaient quelle mécanique infernale ils acceptaient de cautionner. Le réveil n’en sera que plus brutal et la nécessité d’intervenir rapidement au nom des droits démocratiques plus évidente.

L’inégalité entre hommes et femmes plombe aussi l’économie.
62 milliards sont perdus chaque année en France en raison des inégalités salariales entre hommes et femmes, chiffre la Fondation Concorde. France stratégie, organisme dépendant de Matignon, estimait l’an passé que les discriminations à l’emploi dans leur ensemble – genre et origine – coûtaient entre 3 et 14 points de Pib. Au-delà des chiffres et en période de croissance solide, ce manque à gagner est « pur gâchis » et appelle une vigoureuse action publique dans la logique du « name and shame » en assortissant la publicité négative de sanctions efficaces comme le non-accès aux marchés publics. Le salaire moyen des femmes ne représente encore que 81 % du salaire moyen des hommes. La dimension « sociale » est tout aussi parlante. L’égalité ne générerait pas moins de 28 milliards au profit des ménages et 34 milliards de recettes supplémentaires pour les caisses de l’État. Oui, mais… argue-t-on du côté du Medef et de la CGPME avec un coût cumulé de quelque 58 milliards pour les entreprises compensés en partie par une baisse de l’imposition au titre de l’impôt sur les sociétés. Cherchez les raisons du blocage. Il est donc possible, nécessaire et urgent d’agir tant au plan social que sociétal en France comme dans toute l’Europe, serait-elle mieux classée que les autres régions du monde par les études sur le sujet qui soulignent un recul global – le premier depuis 2006. Les Européens se situant de manière inégale mais avec quelques réussites notables – Islande (1re), Norvège (2e), Finlande (3e), Suède (5e)… France (11e), Allemagne (12e), Royaume-Uni (13e) notamment. Parmi les plus mal classés et sans surprise le Koweit (129e), le Qatar (130e), le Liban (137e), et le Yemen (144e et dernier). Israël arrive en 44e position devant les États-Unis (49e) et plusieurs États d’Europe du sud – Grèce (78e), Italie (82e), Chypre (92e), Malte (93e). Il reste du chemin à faire mais celui-ci est désormais « balisé » par le retour partout à la croissance.



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