mardi 14 novembre 2017

Parti pris du 14 novembre 2017

À Paris après les attentats du 13 novembre 2015 (photo © REUTERS), la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique
(photo © AFP).

Deux ans après, les effets du drame de Paris. Ils furent humains d’abord, emportant sous le feu des balles et explosions 130 personnes dont une majorité de jeunes, causant des blessures à des centaines d’autres victimes directes des attentats de masse du 13 novembre 2015. Tout un pays et au-delà tout un continent, l’Europe, furent dans les premiers jours d’après sidérés devant la résurgence de la « bête immonde », la terreur au nom d’une idéologie islamiste, barbare et moyenâgeuse… au début du XXIe siècle. Même si la résilience sociale et la résistance civique ont permis de rester « debout », sans peur inutile et sans dérapages majeurs, même si l’État de droit n’a pas vacillé sous les coups, les conséquences multiples de ces crimes se font sentir durablement. Ils ont probablement retardé le retour à la croissance, quantifiable par exemple dans le secteur du tourisme mais pas seulement, entraînant un prolongement de la crise et de la misère sociale. Ils ont tout autant modifié les habitudes de vie, les comportements « naturels » dans les centres urbains en particulier. Ils ont changé la « manière de voir » contraignant dans une mesure appréciable à modifier les rapports entre les libertés et la sécurité. Le renseignement et donc la surveillance, par vidéo interposée, sont devenus l’alpha et l’oméga de la « tranquillité publique », serait-elle par ailleurs relative. Aller à un concert ou à une autre manifestation publique, passer faire ses courses sur un marché, conduire ses enfants à l’école ne se fait plus exactement de la même façon. Est-ce un progrès ? Assurément, non. Faut-il y voir une « victoire » a posteriori des Islamistes ? Pas davantage. Ils ont en effet perdu la partie sur le terrain des opérations en Irak, en Syrie et dans l’ensemble du Proche-Orient. Leur Califat s’est réduit à n’être plus qu’un mirage. Mais leur dangerosité demeure, les répliques du crime sont encore probables, seraient-elles de moindre intensité. La lutte doit continuer au-delà de sa dimension militaire pour extraire les racines du mal des « têtes ». Quelques milliers de « chiens de guerre », sans le moindre repentir, sont encore si ce n’est actifs, prêts dans certaines circonstances à le redevenir. Un procès exemplaire, allant au fond des choses devant une juridiction internationale dédiée, doit encore être organisé comme on le fit jadis à Nuremberg pour le nazisme. Il ne doit plus être « licite » de répandre le poison d’un islamisme de terreur dans les familles, dans les quartiers, dans les mosquées. C’est cette victoire finale sur le prêche immonde qui garantira, au moins pour un temps, que nous ne revivrons pas pareil drame. Cela passe par la loi bien sûr mais elle ne peut rien sans une mobilisation citoyenne de tous les instants sous le signe des solidarités collectives pour l’égalité de tous et toutes, sans distinction d’origine qui rendraient la vie et la conscience qu’en ont les hommes moins perméables aux croyances et superstitions qui ont tant meurtri l’humanité, hier et encore aujourd’hui. La ligne de partage passe désormais entre ceux qui ne transigent pas ou plus et ceux qui ayant pris les choses à l’envers sont incapables de se remettre en cause, de reconnaître leurs erreurs pour faire sincèrement machine arrière. Qu’Edgar Morin, par exemple, se défende aussi piteusement d’avoir prêté contre l’évidence une conception honorable des femmes à Tariq Ramadan en dit long sur l’étendue des dégâts et par voie de conséquence sur l’ampleur de la tâche.

Agir ici et maintenant pour la planète. Une « litanie » ! Rapports après rapports, les scientifiques alertent le monde sur l’état de la planète, sur les risques encourus par l’humanité et sur les délais extrêmement courts pendant lesquels il est encore possible d’agir pour conjurer la catastrophe climatique. Les émissions de gaz à effet de serre sont de nouveau en hausse en 2017 – 36,8 milliards de tonnes, record historique culminant avec les effets de la déforestation à 41 milliards – après trois années de stabilisation selon le douzième rapport annuel de Global Carbon Project. Dans ces conditions, l’objectif central, incontestable, de la COP 21 de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés devient objectivement caduc. Le dernier rapport de l’Agence des Nations unies pour l’environnement estime que nous serons sur une trajectoire de réchauffement de plus de 3 degrés. Les raisons de cet état d’urgence climatique ne sont mystérieuses pour personne. On connaît très précisément les fauteurs de troubles. Au premier rang, figure la Chine de Xi Jinping, seconde puissance économique de la planète, responsable à elle seule de 30 % des émissions mondiales – 10,2 Gigatonnes de CO2 – devant les États-Unis – 5,3 GtCO2 –, l’Inde – 2,4 GtCO2 –, la Russie, le Japon… L’Ensemble européen s’il n’était pas éclaté en une trentaine d’émetteurs nationaux figurerait sur le podium à la troisième place avec une mention spéciale pour l’industrie de sa composante allemande. Ajoutons que l’on maîtrise pourtant une part au moins des solutions qui permettraient de limiter les dégâts. Les énergies renouvelables ont beau se développer sur un rythme « rapide » de l’ordre d’un peu moins de 15 % l’an sur les dernières années, elles ne parviennent pas à remplacer aussi vite qu’il serait nécessaire les énergies fossiles. Du coup, le débat sur la croissance est « pipé ». Plus de croissance et c’est indispensable n’est pas concevable sans une priorité assumée en faveur des énergies renouvelables. D’aucuns argueront que c’est un choix difficile à faire pour la Chine ou l’Inde. À voir, mais qu’en est-il pour les États-Unis ou l’UE ? Rien, absolument rien n’empêche cette réorientation massive. Pour ce qui concerne les 28, cela suppose non l’addition de simples programmes nationaux mais un plan fédéral assumant en interne les transferts de valeur nécessaires des mieux lotis à ceux qui le sont moins. Si cela ne se fait pas ou pas encore, c’est parce que l’opinion et les instances qui la représentent jouent de manière « suicidaire » la carte nationale. Elle est pourtant « dépassée » depuis longtemps, « nocive » sur ce terrain comme sur quelques autres. Elle est « dangereuse » sur le long terme et constitue un frein à la croissance bien évidemment. Tant que l’on n’en sera pas totalement revenu à Berlin, à Paris et dans les autres capitales de l’Union, il est à craindre que l’on retarde encore la mise en œuvre de la solution la plus directement accessible dans les possibles pour agir efficacement contre le réchauffement climatique incontrôlé. On pourrait faire aisément la même démonstration en ce qui concerne le transport de marchandises par la route… Mais en admettant que cela se fasse, au-delà des effets d’annonces, il resterait un grand chantier celui de la fixation du prix d’une taxe carbone enfin opérante et sa généralisation dans les échanges. Le multilatéralisme en la matière est bien sûr souhaitable mais faute de résultats tangibles à ce jour, rien n’interdit à ceux qui le voudraient d’agir en avant-garde éclairée dans ce domaine. Ils ont tout à y gagner, tant l’exemplarité et la prise de conscience qu’elle suscite sont des facteurs décisifs pour changer le monde. Ces questions sont « objectivement » à l’ordre du jour pour l’Europe. De sa réponse positive, évasive, voire dilatoire dépend pour une part l’avenir de l’humanité dans un monde vivable. 

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