vendredi 17 novembre 2017

Amis lecteurs, camarades… un « dernier » mot s’impose

 
Photo © D. Lang

Ce blog que vous aviez pris l’habitude de consulter, les mardis et vendredis, jours de son actualisation en particulier, va se faire silencieux après presque trois années de bons et loyaux services. Sa rédaction a fait ce choix unanimement considérant qu’il s’imposait à plus d’un titre. D’abord parce que nous n’avons pas les moyens de « faire mieux » avec les ressources dont nous disposons. Le renouvellement espéré n’a pas été au rendez-vous tandis que la fatigue, l’usure du temps et la maladie ont amoindri nos faibles forces, restées « debout » au travers des épreuves et face aux vents contraires. Chacun comprendra l’impératif de porter plus loin une ligne éditoriale qui a été validée sur bien des points depuis tout ce temps et bien avant en réalité. Mais il faudrait être en mesure pour se faire entendre, comprendre et susciter l’adhésion et l’engagement à nos côtés de démultiplier les prises de position et l’action pour le monde que nous voulons. Cela exigerait beaucoup plus de forces à tous les niveaux. Nous n’en disposons pas et du coup ce problème de ciseaux entre ce qui serait nécessaire et ce qui est possible devient difficile, impossible, à assumer.

Nous ne pensons pas avoir démérité en interrogeant, semaine après semaine, la vie, le combat politique sans allégeance d’aucune sorte, sans compromission, avec passion et en gardant toujours raison. Bien au contraire. Nous avons même le sentiment que les faits nous ont souvent donné raison, voire très souvent mais sans que cela ne se traduise par autre chose qu’un regain d’estime de nos lecteurs réguliers ou non, des autres courants d’une gauche malmenée par l’histoire en train de se faire sous ses yeux. La combinaison particulière qui fut notre marque de fabrique entre une orientation politique et une éthique de la responsabilité jamais prise à défaut nous a armés pour parler et pour agir, fut-ce de manière « minoritaire » et respectable. Le paradoxe veut que ce soit au moment où certains de nos innombrables combats semblent promis à aboutir au moins partiellement dans un avenir prévisible que nous soyons contraints de « tirer notre révérence ». C’est arrivé à d’autres avant nous. Au moment de mettre la clé sous la porte, tristesse, fierté et espoir se conjuguent pour cette ultime adresse.

La vie est belle. Elle ne demande qu’à être nettoyée de tout ce qui la pollue au nom de préjugés mus en discriminations et d’un système d’exploitation inique. Elle mérite que l’on se batte pour elle sans jamais renoncer par-delà les échecs nombreux et les succès plus rares au nom de la justice, de l’égalité et d’un socialisme qui ne les considérerait pas comme simple habillage de jeux politiciens. Soyons concrets, la « libération » de la parole des femmes contribue ainsi à l’actualisation d’un combat féministe d’aujourd’hui. Les gouvernants eux-mêmes en viennent ainsi à invoquer « une souveraineté européenne » comme l’ont récemment fait Macron et Merkel, y aurait-il une bonne distance entre la coupe et les lèvres. La polémique effrayante par ses dérapages – Charlie en guerre contre les Musulmans, Plenel antisémite – mais combien fondée sur le nécessaire combat laïque, émancipateur et internationaliste, entre dans une nouvelle phase. Ils furent les uns et les autres au nombre de ceux que nous avons enfourchés très tôt et sans jamais nous en départir. Alors, oui, cette voix qui s’éteint au moins provisoirement, cherchera à se faire entendre à nouveau sans doute portée par d’autres combattants, avec d’autres moyens. 

Nous vous devions la vérité au travers de cet au revoir. À bientôt peut-être, sans doute, tout simplement parce qu’il le faut.

La rédaction

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire